Page:Sand - Jean Ziska, 1867.djvu/340

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tion vers une certitude ou le repos sur une certitude ? La foi n’est-elle pas le but fatal de la science, et la science le chemin fatal de la foi ? La science fait-elle autre chose que trouver l’analyse des certitudes dont la foi entrevoit la synthèse ?

Vous l’entendez certainement ainsi vous-même, et, comme nous, vous appelez, non pas foi, mais crédulité, l’attachement des intelligences étroites aux erreurs du passé ; vous ne taxez certainement pas de faiblesse et d’infirmité l’intelligence éminemment courageuse et progressive de M. de La Mennais. D’où vient donc que cette foi si vaste, si tolérante, si généreuse, et qui s’éclaire de plus en plus en politique d’un esprit de vérité si éclatante, semble vous laisser des inquiétudes sur l’emploi du beau génie qui l’accompagne ? Vous paraissez le reléguer très-loin encore du mouvement de la science et le regarder comme fourvoyé dans la question puérile de savoir si le peuple a doit à la souveraineté, ou dans le sentimentalisme d’une religion dont il ne prêche cependant que l’essence sublime, la fraternité et la charité. Vous lui reprochez de ne point formuler son système ; vous voulez qu’il jette les fondements d’une école et d’une doctrine, et cependant vous dites, dix lignes plus loin, après avoir demandé s’il y avait une place dans l’avenir pour un néo-christianisme : Les faits de l’avenir peuvent seuls répondre. Il serait puéril de vouloir prophétiser en détail les formes et les accidents par lesquels doit passer l’humanité. Encore une fois, M. de La Mennais ne pourrait-il pas vous répondre qu’il n’est pas obligé de vous dire de point en point ce qu’il faut substituer au présent, mais que ses larges théories reposent sur les véritables instincts, sur les éternels besoins, sur les imprescriptibles droits de l’humanité ?

N’étant pas d’accord avec lui sur ces besoins et sur