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jean ziska.

paupérisme de l’Évangile éternel. A quoi tiennent dans le ciel les entrées de faveur !

Wenceslas mourut sans enfants. On dit qu’il avait été frappé de stérilité par les enchantements et le poison. Il ne fut regretté de personne. Les catholiques l’avaient vu trembler et faiblir devant les menaces des hussites. Ceux-ci savaient qu’il avait fait tout dernièrement la liste de ceux d’entre eux qu’il voulait faire mourir, et qu’en feignant de les favoriser, il ne cessait d’écrire à son frère Sigismond pour qu’il vint le tirer de leurs mains. Il était donc, avec sa peur et sa paresse, le principal brandon de la guerre civile ; car tandis qu’il laissait égorger les magistrats de Prague et ouvrait les temples catholiques aux sectaires, il appelait Sigismond et livrait aux Allemands les hussites des provinces.

Son cadavre subit l’expiation du supplice de Népomucène, à laquelle il avait échappé durant sa vie. Inhumé dans la basilique de la cour royale où était la sépulture des rois de Bohême, il fut déterré peu de temps après et jeté dans la Moldaw par les taborites. Mais comme une singulière destinée lui avait toujours fait trouver son salut dans l’eau, il fut repêché et reconnu par un marchand de poisson qui lui avait été attaché comme fournisseur. Le royal cadavre fut caché dans la maison du pêcheur, et revendu, par la suite, à sa famille pour vingt ducats d’or.

La mort de Wenceslas fut suivie d’un long interrègne, durant lequel le terrible et vaillant borgne de Tabor fut de fait l’unique souverain de la Bohême.


IV.


Sophie de Bavière, veuve de Wenceslas, s’étant vainement adressée à Sigismond, qui avait bien assez à faire de combattre les Turcs sur ses terres de Hongrie,