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reste. Je parlerai à M. Butler, à miss Love, au petit, au pédant, s’il le faut. Je saurai où vous en êtes dans leur esprit, et j’amènerai peut-être une décision favorable. Allez-vous-en saluer votre malade, et tâchez que sa fille le quitte un peu pour que je me trouve seul avec elle. Je l’attendrai dans la bibliothèque.

Je montai à l’appartement de M. Butler sans rencontrer personne. La maison était un peu à l’abandon depuis que l’active et douce châtelaine était absorbée par des soins plus pressants. Dans l’antichambre de M. Butler, deux domestiques dormaient profondément. Malgré l’été, on avait jeté partout des tapis sur les parquets, pour que le bruit des pas autour de lui ne troublât pas le léger sommeil du convalescent. La porte de sa chambre était grande ouverte. À travers les rideaux fermés, un jour bleuâtre tombait sur les cheveux noirs de Love et sur le pâle visage de son père. Elle était assise tout près de lui et lisait à demi-voix, essayant plutôt de l’endormir par la monotonie de son intonation que de le distraire ou de l’occuper. J’étais dans la chambre, ils ne me voyaient pas, ils ne m’avaient entendu entrer ni l’un ni l’autre.

J’avoue que j’éprouvais une sorte de curiosité inquiète de savoir ce que Love lisait si couramment. Cette inquiétude répondait sourdement à de vagues appréhensions déjà conçues ou plutôt effleurées.