Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pas, s’il garde encore le lit, je pourrai au moins dire à Love quelques mots dans une autre pièce. D’ailleurs, je verrai M. Butler ; il est réellement guéri, lui, il s’expliquera. Si je ne peux parler ni à l’un ni à l’autre, j’apercevrai peut-être ma fiancée. Je connais maintenant la maison : je saurai me glisser dans tous les coins. Et, quand même je resterais dehors, quand même je ne verrais que la lumière des croisées, il me semble que cela me rendrait un peu de calme pour attendre, ou de force pour accepter mon destin.

Au point où nous en étions, ma visite ne pouvait plus compromettre personne. J’avais bu résolûment la petite honte de mon amour contrarié et de mon avenir remis en question. Je ne sacrifiais plus rien à la vanité. Quant à Love, elle avait conquis par sa franchise l’estime et le respect de tous les honnêtes gens. Je n’avais donc à ménager que la fantaisie et la maladie d’un enfant : cela ne me semblait pas bien difficile.

Comme j’étais à moitié chemin déjà, M. Black me revint en mémoire. Le pauvre garçon m’avait toujours déplu ; je me mis à le prendre en horreur, je ne sais trop pourquoi, si ce n’est parce que j’avais l’esprit malade. Je m’imaginai qu’il excitait Hope contre moi, que j’avais surpris des regards malveillants à la dérobée, des sourires de dédain en ma présence, enfin que je