Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/125

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douloureuse : « Là du moins, les oiseaux du ciel verront seuls ma faiblesse et mes pleurs !… » Cela était si invraisemblable, que je n’y crus pas d’abord. C’était Love pourtant. Elle accourait vers moi, marchant comme un sylphe sur le gazon mou et ployant du cratère. Elle était animée par la marche et par l’inquiétude ; mais, quand elle se fut arrêtée un instant pour respirer en me serrant les mains, elle redevint pâle, et je vis qu’elle aussi avait beaucoup veillé et beaucoup souffert.

— Ne me dites rien ici, répondit-elle à mes questions inquiètes ; venez dans le bois. Je veux vous parler sans qu’on le sache. Mon père et mon frère sont en voiture au bas de la montagne, du côté d’Allègre. Ni l’un ni l’autre n’auraient la force de monter jusqu’ici. Moi, je vous ai aperçu, traversant une petite clairière. Comment je vous ai reconnu de si loin, quand personne autre ne pouvait seulement vous apercevoir, c’est ce que je ne peux pas vous expliquer ; cependant j’étais sûre de vous avoir reconnu. Je n’en ai rien dit ; mais, comme mon père m’engageait à grimper au cratère avec M. Black, j’ai accepté. Je me suis arrangée pour perdre mon compagnon dès l’entrée du bois. Ce n’a pas été difficile. J’ai coupé en droite ligne, à pic, sous les arbres ; M. Black est trop asthmatique pour en faire autant. Je lui ai crié de suivre le sentier,