Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/193

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J’avais déjà fait cette route plusieurs fois, et je la savais peu praticable aux voitures ; mais j’eus une inspiration qui me guida. Je me souvins qu’il y avait là, après les granités, une curiosité naturelle peu connue et qui n’étonne nullement les habitants de cette âpre région volcanique, mais qui avait pu tenter M. Butler, s’il ne l’avait pas encore vue : c’est une scorie de quelque cent pieds de haut, dressée au bord du torrent, et si mince, si poreuse, d’aspect si fragile, qu’elle semble près de tomber en poussière. Elle est pourtant là depuis des siècles dont l’homme ne sait pas le chiffre, et, quand on touche les fines aspérités de ce géant de charbon et de cendres, on s’aperçoit qu’il a une résistance et une dureté presque métalliques.

Ces sortes de scories gigantesques sont ce que les géologues appellent des dykes. Ils sont nombreux dans le Vélay et dans cette partie de l’Auvergne. Ce sont de véritables monuments de la puissance des matières volcaniques vomies à l’état liquide à l’époque des grandes déjections de la croûte terrestre. Le travail des eaux courantes a entraîné les autres matières environnantes qui n’avaient pas la même compacité, et le dyke, soit cône, soit tour, soit masse carrée ou anguleuse, est resté debout, gagnant en profondeur de siècle en siècle, à mesure que l’érosion