Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/239

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Dès qu’il se vit seul, M. Butler, qui avait complétement oublié ma présence, fondit en larmes. Je ne pus supporter le spectacle de cette douleur, et je m’approchai de lui, résolu à lui tout avouer, à lui demander pardon des peines que je lui causais et à lui dire adieu pour toujours ; mais, dès qu’il me vit, il me prit les mains avec l’expansion d’un père en proie à l’inquiétude.

— Mon brave Jacques, me dit-il, suivez mon fils. Nous nous sommes querellés, et je crains… Je ne sais pas ce que je crains ! suivez-le, vous dis-je, et, s’il vous renvoie, ayez l’air de le quitter, mais ne le perdez pas de vue. Allez, mon ami, allez vite ! Mais, ajouta-t-il en me rappelant, si vous lui parlez, ne lui dites pas que je suis inquiet. Vous avez des enfants, vous savez qu’il faut avoir quelquefois l’air de ne pas les aimer quand ils ont tort !

J’obéis. Je suivis Hope à distance. Je le vis s’enfoncer dans le bois et se jeter à plat ventre dans les herbes, la tête dans ses mains, et agité de mouvements convulsifs ; mais cette crise, que je surveillais attentivement, dura peu : il se releva, marcha au hasard faisant des gestes, et arrachant des poignées de feuillage qu’il semait follement autour de lui. Au bout de quelque cent pas, il se calma, s’assit, parut rêver plutôt que réfléchir profondément, et, se retournant tout d’un