Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/246

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attendre à un point convenu quand ils avaient parcouru une certaine distance à vol d’oiseau. Un second char à bancs encore plus rustique était loué pour les guides, afin qu’ils pussent suivre la famille et se reposer en même temps qu’elle dans les courses de ce genre que la disposition des rares chemins praticables rendait quelquefois possibles.

Ce jour-là, nous fûmes assaillis par un orage effroyable. Longtemps escortés par un grand vautour roux dont les cris lamentables semblaient appeler la tempête, nous reçûmes toutes les cataractes du ciel sans être mouillés, vu que les bons Butler, dont la voiture était couverte, nous forcèrent de prendre leurs surtouts imperméables. François, qui fut appelé à cet effet, m’apporta le manteau de Love en me disant de sa part que, puisque j’avais eu si chaud pour la porter en remontant le vallon de la Roche-Vendeix, elle voulait me préserver d’un refroidissement.

Nous avions d’excellents petits chevaux bretons qui nous firent rapidement courir le long des rampes de la curieuse vallée de Saint-Sorgues, toute hérissée de cônes volcaniques, plus élevés et plus anciens que ceux de la route de Saint-Nectaire. Jamais je ne vis le pays si beau qu’au début de cet orage, quand la pluie commença à étendre successivement ses rideaux transparents sur les divers plans du paysage avant que le