Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

demeure, fit résolûment ouvrir une porte au dernier étage, près des combles, et jeter un pont de bois sur le haut du rocher, qu’un médiocre entaillement mit de niveau avec ce passage.

Le petit manoir est, quant à l’extérieur, un vrai bijou d’architecture, assez large, mais si peu profond, que la distribution en est fort incommode. Tout bâti en laves fauves du pays, il ne ressemble pas mal, vu de l’autre côté du ravin, à un ouvrage découpé en liége, surtout à cause de son peu d’épaisseur, qui le rend invraisemblable. À droite et à gauche, le rocher revient le saisir de si près, qu’il n’y a, faute d’espace aplani, ni cour, ni jardins, ni dépendances adjacentes. Les caves et les celliers sont installés dans les grottes celtiques dont j’ai parlé. Les écuries, les remises et la ferme sont une série de maisonnettes échelonnées sur les étages naturels du ravin, à quelque distance du manoir. Ces constructions pittoresques se relient à un moulin dont le bruit frais et monotone a bercé toutes les siestes alanguies de ma première enfance, durant les étés courts, mais brûlants, qui s’engouffrent dans l’étroit précipice où nous sommes enfermés.

On arrivait à cette impasse par un chemin taillé dans le roc vif et ombragé de grandes ronces pendantes. On entrait chez nous par un des profils de la façade. Il fallait monter encore une vingtaine de mar-