Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/281

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— Mille pardons, monsieur le comte ; je ne vous savais pas de retour en France, et je ne vous reconnaissais pas à première vue.

J’étais las de dissimuler, et j’étais, d’ailleurs, dans un paroxysme de totale désespérance. Je lui demandai de ses nouvelles, et lui témoignai combien j’étais surpris de sa pénétration.

— Mon Dieu, me dit-il en mettant pied à terre, il y a comme cela en ce moment des personnes de votre caste qui se déguisent pour échapper à des dangers politiques imaginaires. Vous n’êtes pas, je pense, d’un caractère pusillanime ; mais, venant de loin, vous avez peut-être cru trouver ici tout à feu et à sang.

— Non, monsieur, répondis-je, je n’ai pas cru cela, et je ne crains aucune chose en ce monde. Je me suis déguisé ainsi pour revoir miss Butler sans qu’elle me reconnût.

— Miss Butler ? Pourquoi cela ? grand Dieu ! N’êtes-vous pas marié ?

— Je n’ai jamais été marié, et je l’aime toujours, puisque je me suis fait paysan pour me mettre à son service.

— Oh ! la singulière idée ! s’écria M. Black en jetant la bride de son cheval à son guide et en descendant avec moi la profonde rampe qui s’abaisse sur la vallée. C’est romanesque, cela, très-romanesque ! Pas marié !