Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/41

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III


— Mon fils, me dit-elle avec un peu plus d’expansion que de coutume, vous vous ennuyez. L’homme ne peut pas vivre seul. Il faut absolument vous marier.

— Peut-être, lui répondis-je : mais d’abord il faudrait pouvoir aimer, et, dans le petit nombre de jeunes filles que nous connaissons et auxquelles je peux prétendre, il n’en est pas une qui seulement me plaise.

— Retournez à Paris ou allez à Riom, à Clermont, au Puy…

— Non, de grâce, ne me demandez pas cela. Je me sens si peu aimable, que je craindrais d’aimer et de déplaire.

— Eh bien, voyagez, distrayez-vous, et redevenez aimable. N’êtes-vous pas le maître ?

— Non, je ne suis pas le maître de mon humeur, je ne sais pas encore me gouverner. J’ai besoin d’aimer, mais il y a en moi une ardeur qui ne saurait pas attendre la femme que je rêve. Je craindrais de faire