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Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/263

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pain, il reste au compte des boulangers. L’intendance a toujours un règlement qui lui défend de payer. D’autres fois la troupe arrive à l’improviste, on n’a reçu aucun avis, le pain manque. Heureusement les habitants de La Châtre pratiquent l’hospitalité d’une manière admirable ; ils donnent le pain, la soupe, le vin, la viande à discrétion : ils coucheraient sur la paille plutôt que de ne pas donner de lit à leur hôte. Ils n’ont pas été épuisés ; mais dans les villes à bout de ressources les jeunes troupes souffrent parfois cruellement, et on s’étonne de leur résignation. Le découragement s’en mêle. Subir tous les maux d’une armée en campagne et ne recevoir depuis trois et quatre mois aucune instruction militaire, c’est une étrange manière de servir son pays en l’épuisant et s’épuisant soi-même.

Un peu de fantaisie vient égayer un instant notre soirée, c’est une histoire qui court le pays. Trois Prussiens (toujours trois !) ont envahi le département, c’est-à-dire qu’ils en ont