Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/119

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— J’ai fait quelque méprise, pensa Cristiano. Oh ! alors, il s’agit d’échapper à ce savant le plus vite possible, sauf à le retrouver plus tard.

Mais il changea tout à coup d’idée en voyant Marguerite revenir sur ses pas et faire mine de se diriger lentement, et à travers mille interruptions, vers le lieu où il se trouvait. Il ne songea plus dès lors qu’à se mettre au mieux avec le géologue, afin de se faire présenter par lui, s’il était possible, comme un homme distingué. Il entra donc vite en matière. Il en savait plus qu’il ne faut pour faire des questions intelligentes. Il avait traversé Falun dans la matinée, il était descendu dans la grande mine, et il avait recueilli, pour sa satisfaction personnelle, des échantillons intéressants, au grand mépris de Puffo, qui le regardait parfois comme un cerveau détraqué. Il savait bien, en outre, qu’il suffit, en général, d’écouter avec respect un savant vaniteux et de provoquer l’étalage de sa science pour être jugé par lui très-intelligent. C’est ce qui ne manqua pas d’arriver. Sans songer à lui demander son nom, son pays ou sa profession, le professeur fit à Cristiano la description minutieuse du monde souterrain, à la surface duquel il ne se souciait que de lui-même, de sa réputation, de ses écrits, enfin du succès de ses observations et découvertes.