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Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/206

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tude de prendre mon thé à la crème dans mon lit, en m’éveillant ! Ce balourd d’Ulphilas m’a complètement délaissé ! Voici sur la table les mêmes mets qui s’y trouvaient hier au soir.

— Grâce à moi, monsieur Goefle, car je reconnais le jambon et le poisson que j’ai dérobés dans la cuisine de ce bon M. Ulph… Comment l’appelez-vous ?

— Ulph pour Ulphilas. C’est très-bien dit. Ici, on abrège tous les noms, on les rend monosyllabiques, dans la crainte apparemment que, quand on appelle les gens, la moitié des mots ne gèle en l’air. Si c’est à vous cependant que je dois d’avoir pu souper hier, il faut conclure que ledit Ulph m’eût laissé mourir de faim, hé ! hé ! dans cette chambre où il y a une histoire de ce genre ?… C’est donc pour lui faire mériter sa réputation, que le drôle voulait me livrer au même supplice ?

— Est-ce la baronne Hilda qui est morte ici de faim, monsieur Goefle ?

— Tiens, vous avez entendu parler de cela ? C’est un conte, Dieu merci. Songeons à déjeuner. Je vais appeler.

— Non, monsieur Goefle ; sans doute, Ulph va venir. D’ailleurs, si quelque chose vous manque,