Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/25

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chant garçon ; mais il se peut que tu sois une franche canaille, et je ne suis pas fâché de te dire…

— Eh ! dites donc, vous ! reprit Puffo en se secouant un peu, si vous vous dépêchiez là-haut, au lieu de me faire de la morale ? Vous n’êtes pas si léger que je croyais !

— C’est fait ! répondit Cristiano en sautant lestement par terre, car il lui avait semblé sentir chez son camarade la tentation de le laisser tomber ; j’ai ma bougie et je continue mon discours. Nous sommes pour le moment deux bohémiens. Puffo, deux pauvres coureurs d’aventures ; mais, moi, j’ai coutume de me conduire en homme d’esprit, tandis que tu prends quelquefois plaisir à te comporter comme une bête. Sache donc qu’à mes yeux la plus grande sottise, la plus basse platitude qu’un homme puisse faire, c’est de s’adonner au métier de larron.

— Où m’avez-vous vu larronner ? demanda Puffo d’un air sombre.

— Si je t’avais vu larronner en ma compagnie, je t’aurais cassé les reins, mon camarade ; c’est pourquoi il est bon que je t’avertisse une bonne fois de l’humeur dont je suis. Je t’ai dit tout à l’heure : Tâchons de nous procurer à souper par persuasion ou par adresse. Cela, c’est notre droit. On nous fait venir dans ce paradis de neige pour réjouir de nos talents une nom-