Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/275

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tiens à vous le prouver, ni une machine, ni une marotte, ni une poupée : c’est un être.

— Ah ! oui-da, un être ? dit M. Goefle en regardant avec étonnement son interlocuteur et en se demandant s’il n’était pas sujet à quelque accès de folie.

— Oui, un être ! je le maintiens, reprit Cristiano avec feu ; c’est d’autant plus un être que son corps n’existe pas. Le burattino n’a ni ressorts, ni ficelles, ni poulies : c’est une tête, rien de plus ; une tête expressive, intelligente, dans laquelle… tenez !

Ici, Cristiano s’en alla sous l’escalier et ouvrit une caisse d’où il tira une petite figure de bois garnie de chiffons, qu’il jeta par terre, releva, fit sauter en l’air et rattrapa dans sa main.

« — Tenez, tenez, reprit-il, vous voyez cela : une guenille, un copeau qui vous semble à peine équarri. Mais voyez ma main s’introduire dans ce petit sac de peau, voyez mon index s’enfoncer dans la tête creuse, mon pouce et mon doigt du milieu remplir cette paire de manches et diriger ces petites mains de bois qui vous apparaissent courtes, informes, ni ouvertes ni fermées, et cela à dessein, pour escamoter à la vue leur inertie. À présent, prenons la distance combinée sur la grandeur du petit être. Restez là, et regardez.