Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/59

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projetait le long de la galerie l’ombre de ses oreilles gigantesques, une triple flamme portée par un petit diable rouge, que M. Goefle avait bien voulu faire passer pour son laquais, mais qui ne pouvait être que le kobold en personne, le démon familier que l’avocat s’était vanté d’avoir sous ses ordres.

C’en était trop pour le pauvre Ulph. Il estimait les kobolds, mais ne souhaitait point les voir. Il posa d’une main défaillante son panier par terre, et, virant de bord, il alla s’enfermer dans sa chambre en jurant par son salut éternel qu’il n’en sortirait de la nuit, dût l’avocat mourir de faim et le diable manger le souper destiné à l’avocat.

Aussi ce fut bien en vain que M. Goefle l’appela Il n’en reçut pas de réponse, et prit le parti de mettre l’âne à l’écurie, de s’emparer du panier abandonné, et de retourner mettre son couvert, avec l’aide de Nils, dans la chambre de l’ourse.

— Allons, se dit-il, la philosophie est nécessaire en voyage, et, puisque voici des verres, des couverts et des assiettes, espérons que ce lunatique a l’intention d’y joindre quelque victuaille. Attendons son bon plaisir, puisqu’il n’y a pas moyen de faire autrement, et débouchons toujours ces bouteilles de bonne mine.

Nils ne mit pas trop mal la nappe, il ne laissa pas