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Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/85

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une preuve inattendue, une lettre perdue, une parole oubliée…

— Oui, je sais ; mais on n’a rien retrouvé, et, depuis quinze ou vingt ans, le silence et l’oubli se sont faits. Le baron Olaüs, soupçonné et haï d’abord, est venu à bout de se faire craindre, et tout est dit. À présent, il pousse la confiance et la présomption jusqu’à vouloir se remarier. Ah ! que Dieu me préserve d’être l’objet de ses poursuites ! Il a, dit-on, beaucoup aimé sa femme ; mais, quant à la baronne Hilda, on croit généralement…

— Que croit-on ?

— Je vois que ces histoires de paysans n’ont pas été jusqu’à vous, monsieur Goefle, ou bien vous en riez, puisque vous voilà installé tranquillement dans cette chambre.

— En effet, il y a quelque histoire là-dessous, répondit Cristiano frappé d’un souvenir récent. Les gens de la ferme me disaient ce soir : « Allez-y et racontez-nous demain comment la nuit se sera passée ! » Il y a donc un lutin, un revenant…

— Il faut croire que, fantôme ou réalité, il y a quelque chose d’étrange ; car maître Stenson lui-même y croit, et le baron peut-être aussi ; car, depuis la mort de sa belle-sœur, il n’y a, dit-on, jamais remis les pieds, et même il a fait murer une certaine porte…