Page:Sand - La Daniella 1.djvu/221

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

avoir accordé à celle-ci la permission d’aller passer quelques jours dans sa famille.

— Vous allez sans doute revenir bientôt, lui disait Brumières : voulez-vous que je vous remmène ce soir à Rome ?

— Jamais ! répliqua la stiratrice d’un air de reine, après l’avoir laissé jusque-là dans son erreur, comme par malice.

— Comment, jamais ? s’écria Brumières ; vous êtes donc brouillée avec votre belle maîtresse ?

— À jamais ! répéta Daniella avec le même accent d’orgueil indomptable.

— Contez-moi donc ça ? dit Brumières, curieux de tout ce qui pouvait lui révéler quelque particularité du caractère de Medora.

Jamais ! répéta la Frascatine pour la troisième fois en tournant les talons.

Brumières la retint.

— Faudra-t-il lui faire cette réponse de votre part, si elle m’interroge sur votre compte ?

— Si vous lui dites que vous m’avez vue, et si elle vous demande comment je parle d’elle, vous lui direz que je lui pardonne, mais que je ne retournerai jamais avec elle, quand elle me donnerait mon pesant d’or.

Elle s’éloigna sans m’accorder un regard, et Brumières m’accabla de questions. C’est ce que je redoutais, étant las de toute cette diplomatie. Je m’en tirai comme je pus, en feignant, de ne rien savoir et de n’avoir échangé que quelques mots avec la Daniella depuis mon retour à Frascati. Je me gardai, de lui dire sa parenté avec la Mariuccia et ses habitudes à la villa Piccolomini.

En me taisant ainsi et en feignant la plus profonde indifférence, je sentis que je devenais de plus en plus mécontent de la façon légère dont Brumières parlait d’elle.

— Que se sera-t-il donc passé entre la maîtresse et la ser-