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Page:Sand - La Daniella 1.djvu/224

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deux mètres carrés où croissaient les iris blancs. Je ne pus résister à l’envie de sortir de la cage de l’escalier où, jusque-là, je n’avais été vu de personne, pour explorer cette petite plate-forme, que couvrait un berceau de roses grimpantes.

Il n’y a rien de plus joli que ces grappes de petites rosés jaunes ; le feuillage, ressemblant à celui du frêne, est superbe, et la tige prend les proportions sans fin du lierre et de la vigne. Ce rosier se plaît beaucoup ici, et celui-ci a toute l’élévation des tours, c’est-à-dire une cinquantaine de pieds. Ses rameaux, entrelacés sur des cannes de roseau, ombragent la petite plate-forme et reprennent leur ascension sur le flanc de la maison, bien décidés à grimper aussi haut qu’il y aura du mur pour les porter.

Sous ce berceau, un petit tombeau de marbre blanc, en forme d’autel antique, ramassé dans les décombres et couché sur le flanc, sert de siège. Quelques giroflées garnissent irrégulièrement le pourtour ébréché de la plate-forme, et, sur la terre rapportée qui les nourrit, je vis la trace d’un tout petit pied dont le talon, creusé plus que le reste, indiquait une bottine de femme, chaussure plus élégante que celle des pauvres artisanes de Frascati, et qui m’avait paru n’être portée que par la Daniella. Cette trace approchait du bord de la plate-forme, et une empreinte plus arrondie me fit deviner qu’on s’était agenouillé là, tout au bord, pour atteindre, en se penchant sur l’abîme, les fleurs d’iris blancs sortant du mur, deux pieds plus bas.

Comme ce jardin, ou plutôt cette tonnelle, n’a aucune espèce de rebord, et que le ciment des pierres ébranlées criait sous le pied, il me passa un frisson par tout le corps, en songeant à ce que j’éprouverais en voyant là une femme aimée se pencher en dehors, ou seulement s’asseoir sur le tombeau adossé au fragile édifice de bambous romains qui porte les branches légères du rosier.