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Page:Sand - La Daniella 1.djvu/295

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bras comme si elle allait m’embrasser devant tout le monde. Je m’échappai pour l’empêcher de se trahir, et courus pour l’attendre à Piccolomini, où je la trouvai dans ma chambre. Elle était arrivée avant moi, et la Muriuccia ne l’avait pas vue entrer. Je suis tenté de croire qu’elle a des ailes, ou qu’elle parvient à se rendre invisible quand il lui plaît.




XXVII


Villa Mondragone, 12 avril.

J’ai bien des choses nouvelles à vous raconter. Après vous avoir quitté avant-hier, vers cinq heures de l’après-midi, c’est-à-dire après avoir fermé mon album, comme je me disposais à partir, j’ai vu apparaître ma chère maîtresse à l’entrée supérieure du Pianto. Elle était très-émue.

— Je vous cherche partout, me dit-elle ; il y a une grande heure que je cours dans ces ruines sans oser vous appeler !

— Eh quoi ! une heure que j’aurais pu passer à tes genoux, une heure de délices que j’ai perdue ! Il fallait m’appeler !

— Non ! il faut plus de prudence que jamais. Mon frère…

— Ah ! s’il ne s’agit que de ton frère, moquons-nous de lui ! Que peut-il vouloir de moi ?

— De l’argent, probablement.

— Je n’en ai pas pour lui.

— Ou le mariage, peut-être !

— Eh bien, soit ; si c’est là ce que tu veux, toi, nous serons vite d’accord.

Daniella se jeta à mon cou en fondant en larmes.

— Et quoi ! lui dis-je, es-tu étonnée d’une chose si simple ?