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Page:Sand - La Famille de Germandre.djvu/108

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sant et il aime à obliger et à consoler tout le monde. Au village, aussitôt qu’il y a une pauvre famille sans pain, c’est chez nous qu’on vient tout de suite ; et nous sommes contents de ça, nous autres, parce que ça fait qu’on aime mon papa et ma tante.

— Eh bien, puisque M. Lucien m’encourage, reprit Hortense, voilà une idée qui m’est venue et que j’irai vous supplier d’examiner, mon cousin ! Je n’ai pas beaucoup de fortune, mais j’ai de quoi vivre. Ma mère est dans la même situation, et nous sommes seules au monde, je vous l’ai dit. Cette solitude m’effraye, mais le mariage m’effraye davantage. Si j’avais une jolie petite fille à élever et à chérir… une petite fille comme la vôtre… je me trouverais si heureuse, que je resterais libre ; ce qui me vaudrait probablement beaucoup mieux. Et c’est pour vous proposer de m’assurer ce bonheur…

— Je comprends, ma cousine, répondit sans hésiter le chevalier ; merci… oui, merci du fond du cœur ! Vous êtes bonne, et vous me voyez si pauvre, que vous avez pitié de moi ; vous voulez me soulager en prenant un de mes enfants à votre charge !