Page:Sand - La Famille de Germandre.djvu/136

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apportée dans un petit sac, et le regarda manger.

Assis sur une botte de paille, le bon campagnard songeait un peu creux. Mille idées, mille sentiments confus avaient troublé l’habituelle sérénité de son âme, et il se reprochait de s’être ainsi laissé surprendre par des émotions folles. Mécontent de sa faiblesse, il se reprochait même le mouvement d’orgueil qui lui avait fait désirer l’occasion de montrer son courage ; cette occasion, il croyait n’avoir pas su la trouver. Le silence dédaigneux d’Octave à sa dernière bravade lui faisait craindre de n’avoir pas employé des termes assez nets et assez clairs pour manifester sa fierté d’âme.

— Allons, se disait-il, je ne suis décidément bon à rien dans ce monde-là. Il est trop tard pour faire l’apprentissage des manières et des paroles qu’il faudrait avoir. Ma place n’est point ici, et on ne m’y reprendra plus ! Mange, ma pauvre grise, mange vite, afin que nous nous en retournions chez nous, où, toi-même, tu es mieux soignée qu’ici !

Mais la grise n’avait plus guère de bonnes dents et ne broyait pas vite son avoine. Et puis il fallait la