Page:Sand - La Famille de Germandre.djvu/16

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exécutées d’une manière barbare, et qui représentaient des monstres fantastiques : la bigorne, la chiche-face, sortes de chimères à tête ou à buste de femme qui dévoraient de pauvres mortels vaincus et sanglants. Au-dessous de ces peintures, on lisait des dicts ou légendes rimées en vieux langage et appropriées au sujet : poésies étranges, ironiques, atroces de rancune contre les séductions perfides de la femme, de mépris pour la crédulité stupide des amants. Entre ces fresques disposées en tableaux, des têtes d’animaux cornus, de cerf, de mouflon, de renne, de buffle, sortaient de la muraille au-dessus de médaillons encadrant des dicts du même genre en l’honneur des époux ridicules. Tout cela paraissait à peu près intact ; mais on disait que le dernier possesseur du manoir, mort célibataire dans un âge avancé, avait fait réparer avec soin les sujets et les inscriptions, autant par aversion pour le mariage que par respect pour l’archéologie.

Quant au mobilier, il semblait que la grande destruction révolutionnaire n’eût point passé par là ; et, en effet, elle s’était arrêtée devant la porte, qui con-