Page:Sand - La Famille de Germandre.djvu/194

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et le mérite de toute sa vie ne serviront de rien pour ses enfants, et il s’imagine de leur trouver ailleurs de plus sûres protections et de meilleurs enseignements ? C’est une folie ! Croyez-moi, ma cousine, le milieu où l’on a travaillé, souffert et mérité est encore le meilleur milieu pour ceux qui doivent recueillir notre héritage. Tous les états sont mauvais si l’on entend par mauvais ce qui donne de la peine et réclame de la patience. Croire que, de l’autre côté du mur, il y a un paradis, un jardin de roses sans dard, voilà une folle et fâcheuse illusion ! Gêner d’une manière absolue et systématique les véritables instincts des enfants est sans doute un crime ; mais c’en est un non moins grand que de se plaindre devant eux de la fatigue, et de leur inculquer des besoins de repos et de bien-être que rien ne pourra jamais satisfaire.

» Donc, si les miens veulent absolument, et en raison de facultés bien évidentes, tenter la grande aventure du déclassement, il faudra bien que je m’y résigne ; mais, ne pouvant leur ouvrir la voie et ne sachant ni les diriger ni les couvrir de ma responsa-