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Page:Sand - La Famille de Germandre.djvu/208

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Il prit sa course et franchit un sentier qui, à travers les blés, coupait la route à angle droit.

Les blés étaient bientôt mûrs, on allait commencer la moisson ; mais les clôtures d’épine sèche étaient encore debout, et l’homme de campagne les traversa en les renversant comme un sanglier poursuivi. Il arriva avant la voiture, il escalada une haute barrière, il sauta sur la route. Mais, là, il redevint honteux, et, voyant arriver l’équipage, il se rejeta précipitamment dans le buisson pour n’être pas vu. Labrêche ne le vit pas ; mais Hortense l’aperçut, moins bien caché qu’il ne se flattait de l’être. Elle vit ses yeux ardents, sa poitrine haletante. Elle détourna la tête et sentit qu’elle l’aimait. Ce maladroit qui faisait mal à propos toutes choses, qui courait après elle comme un fou et se cachait vite comme un niais, perdant ainsi le fruit de sa peine, avait pourtant obtenu ce qu’il ne savait pas demander et ce qu’il ne voulait même pas espérer. Sa passion était partagée.

— Eh bien, pourquoi ne l’aimerais-je pas ? se disait madame de Sévigny en s’éloignant. Est-il un