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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

cachaient leur Bible, et où, plus tard, on cachait le sel de contrebande ; ces dressoirs et ces crédences qui n’ont jamais perdu leurs noms classiques dans les campagnes, noms remis à la mode par le romantisme, et dont la littérature a été forcée d’abuser quand est venue aussi la vogue de la couleur locale. Le lit du chevalier, posé à un angle de la salle, était assez large pour héberger toute une couvée, et le père s’y trouvait à l’aise avec son petit garçon, tandis qu’à l’autre angle un lit tout semblable, caché également dans un corbillard de serge bleue, était partagé entre Corisande et la mignonne Marguerite.

On mangeait dans cette pièce, on y faisait la cuisine ; le chevalier s’y livrait, le soir, à ses recherches scientifiques ; Corisande y filait au rouet ou y rapiéçait les habits, et pourtant cet intérieur était aussi chaste qu’une cellule et aussi bien tenu qu’un salon de compagnie. On y sentait l’incessante vigilance et la paisible activité de la femme qui a mis là toute sa vie, passé et avenir, et dont le rêve n’a jamais franchi le court horizon de son enclos.

La cour était aussi propre que la maison. Par une