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Page:Sand - La Famille de Germandre.djvu/23

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froideur polie d’un cœur insensible, ou désabusé.

Puisque nous avons parlé du premier valet de chambre et qu’il doit forcément jouer un rôle dans cette histoire, on nous permettra d’esquisser rapidement son portrait.

Grand, mal bâti, marqué de la petite vérole jusqu’à en avoir perdu les sourcils, M. Labrêche, qui se faisait appeler M. de Labrêche par les fournisseurs du château, était le type du sot dans toute son extension. Comme il avait une belle écriture et savait faire, à main levée, des parafes en queue d’oiseau, le marquis l’avait employé à recopier ses nombreux manuscrits. À force d’écrire en comptant les lettres et les syllabes, il était arrivé à mettre, de routine, la vieille orthographe de son maître et à pouvoir obéir à la dictée. C’est pourquoi il se regardait comme un homme très-instruit et donnait à entendre aux gens du village qu’il avait fait ses études et connaissait le latin. Plein de son mérite, et s’imaginant de bonne foi que le défunt, qui, par parenthèse, ne l’avait gardé à son service qu’à cause de sa stupidité, lui avait rendu justice, Labrêche ne comptait