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Page:Sand - La Famille de Germandre.djvu/231

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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

plus à l’aise en apparence, parce qu’il dépensait sans parcimonie son mince revenu et rendait même des services. On ne le craignait pas, c’est-à-dire qu’on n’avait pas pour lui ces courbettes hypocrites qui sont assurées aux amasseurs d’argent ; mais on l’aimait autant qu’on peut aimer un supérieur.

Généralement, ce n’est guère, avouons-le. Autant le paysan du Centre a de sagesse, d’égards et d’esprit de justice dans ses relations avec ceux de sa caste, autant il est rusé, méfiant, flatteur et secrètement hostile avec ceux qui le priment par la fortune, le nom ou l’éducation. C’est le résultat de cette vie murée par l’isolement, que modifiera la civilisation croissante ; jusqu’ici, pour juger le paysan, il faut se mettre à son point de vue et ne pas en sortir.

Octave comprit la situation de cette branche de sa famille en voyant entrer plusieurs voisins qui venaient pour parler avec le chevalier, et qui, ne le trouvant pas là, se retiraient après s’être poliment enquis des motifs de son absence. Quelques voisines curieuses vinrent admirer la figure et l’uniforme du beau capitaine ; mais elles ne furent ni indiscrètes ni