Page:Sand - La Famille de Germandre.djvu/250

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que voilà bien des paroles perdues, et que je ferais mieux d’aller préparer le dîner de mon frère, qui va sûrement rentrer. Si vous lui voulez chercher querelle, je ne vous en empêche pas. Il est bon pour vous répondre, et j’ai honte de vous avoir demandé grâce pour lui.

Corisande s’éloigna ; mais elle n’était pas si brave pour son frère qu’elle voulait le faire croire. Elle disparut dans les buissons, fit un détour et revint sans bruit regarder à la dérobée quelle figure faisait Octave après une pareille semonce.

Chose étrange, Octave pleurait comme un enfant. Tout ce qu’il avait de bonté et de loyauté dans l’âme se réveillait devant cette condamnation sévère, plus motivée par sa folle humeur que méritée par son vrai caractère. Il sentit en ce moment qu’il aimait Corisande d’une affection très-vraie, d’une amitié réelle devant laquelle l’amour dont il était capable ne jouais pas le principal rôle ; qu’il n’aimerait jamais mieux ni autant une autre femme, et qu’il venait de froisser le cœur qui lui était le plus nécessaire. Il eut un accès de colère contre lui-même et