Page:Sand - La Famille de Germandre.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

reconnaître chez le marquis un reste d’attachement pour les idées de famille telles qu’on les entendait avant la Révolution, et, comme il était petit-fils du comte de Germandre, et qu’en vertu de l’ancien usage lui seul avait le droit d’aînesse, du moins en fait de titres, comme nul ne pouvait l’empêcher de prendre désormais celui de marquis, il avait d’assez bonnes chances et ne savait pas trop dissimuler le contentement intérieur qu’il en ressentait. L’abbé n’eut pas de peine à pénétrer sa pensée à cet égard et n’épargna rien pour flatter son espérance. En ce moment, l’affection d’Octave pour Hortense éprouvait de secrètes fluctuations assez bizarres. Il ne nourrissait pas un grand goût pour le mariage et avait toujours vu dans sa future compagne une vivante contradiction attachée comme son sabre à son flanc. La grâce et la douceur d’Hortense avaient affaibli cette appréhension sans la détruire entièrement, et il s’était dit, sans beaucoup d’humilité, qu’avant d’accepter l’aisance qu’elle lui apporterait, il voulait éprouver son caractère en lui montrant avec courage et fierté toutes les aspérités du sien.