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Page:Sand - La Famille de Germandre.djvu/49

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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

craintif pour s’être mêlé à la noble compagnie et pour s’introduire avec elle dans les tribunes, le chevalier s’était joint à la foule des paysans, et, comme son costume différait fort peu du leur, M. Guillot ne s’en était pas aperçu au commencement de la cérémonie. Mais bientôt, l’ayant reconnu, et désespéré de voir un Germandre à genoux sur le pavé, il se glissa près de lui et le contraignit non sans peine à s’emparer d’un banc d’œuvre avec ses enfants et la villageoise qui les surveillait.

Ce banc isolé, placé un peu en avant du lutrin, mettait le chevalier en évidence beaucoup plus qu’il ne l’eût souhaité : mais, comme personne ne le connaissait, on le prit pour un fermier du défunt, et aucun regard curieux ou malveillant ne vint troubler sa prière.

Car il priait, le chevalier ; il priait avec ferveur et simplicité, et peut-être était-il le seul dans l’assemblée, il faut pourtant en excepter la paysanne agenouillée à ses côtés. Grande, mince, sérieuse, calme, elle priait aussi en égrenant un gros chapelet d’ébène passé dans ses doigts et en veillant cepen-