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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

s’arrêta et se retourna instinctivement ; elle fut touchée de la grâce rustique avec laquelle la villageoise passait aux enfants la branche bénite et de l’air sérieux avec lequel le père surveillait le sérieux de leur action. Ces enfants étaient beaux comme le jour. Endimanchés dans leur pauvre deuil propre et grossier, on voyait qu’ils avaient promis d’être sages, et vraiment ils se comportaient mieux que la plupart des assistants.

Tout le monde passait dans le cimetière, qui, selon l’usage des campagnes, touchait à l’église. On avait ouvert une porte particulière, et l’assemblée se tenait en haie pour laisser passer le cercueil de plomb, porté par seize hommes vigoureux. Le majordome veillait à ce que les cordons fussent tenus par les plus proches parents. Ce fut d’abord l’abbé, puis Octave, puis le chevalier et son fils, ce rôle n’étant attribué qu’au sexe masculin. Le chevalier n’avait pas prévu qu’il serait appelé à se mettre ainsi en évidence ; mais il n’y avait pas moyen de s’y refuser. Avec une résolution désespérée, il prit place, en indiquant à son petit garçon la place derrière lui.