Page:Sand - La Mare au Diable.djvu/191

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triompherait pas, en effet, l’incomparable beauté de l’enfance ?

Sa petite sœur Solange avait, pour la première fois de sa vie, une cornette à la place du béguin d’indienne que portent les petites filles jusqu’à l’âge de deux ou trois ans. Et quelle cornette ! plus haute et plus large que tout le corps de la pauvrette. Aussi comme elle se trouvait belle ! Elle n’osait pas tourner la tête et se tenait toute raide, pensant qu’on la prendrait pour la mariée.

Quant au petit Sylvain, il était encore en robe, et, endormi sur les genoux de sa grand-mère, il ne se doutait guère de ce que c’est qu’une noce.

Germain regardait ses enfants avec amour, et, en arrivant à la mairie, il dit à sa fiancée :

— Tiens, Marie, j’arrive là un peu plus content que le jour où je t’ai ramenée chez nous, des bois de Chanteloube, croyant que tu ne m’aimerais jamais ; je te pris dans mes bras pour te mettre à terre comme à présent ; mais je pensais que nous ne nous retrouverions plus jamais sur la pauvre bonne Grise avec cet enfant sur nos genoux. Tiens, je t’aime tant, j’aime tant ces pauvres petits, je suis si heureux que tu m’aimes, et que tu les aimes, et que mes parents t’aiment, et j’aime tant ma mère et mes amis, et tout le monde aujourd’hui, que je voudrais avoir trois ou quatre cœurs pour y suffire. Vrai, c’est trop peu d’un