Page:Sand - La Mare au Diable.djvu/51

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moins c’était l’avis du père Maurice… Moi, pourtant, j’aurais pensé qu’au contraire il fallait voir comment on le recevrait, et qu’un si gentil enfant ne pouvait qu’être pris en bonne amitié… Mais ils disent à la maison qu’il ne faut pas commencer par faire voir les charges du ménage… Je ne sais pas pourquoi je te parle de ça, petite Marie ; tu n’y comprends rien.

— Si fait, Germain ; je sais que vous allez vous marier ; ma mère me l’a dit en me recommandant de n’en parler à personne, ni chez nous, ni là où je vais, et vous pouvez être tranquille : je n’en dirai mot.

— Tu feras bien, car ce n’est pas fait ; peut-être que je ne conviendrai pas à la femme en question.

— Il faut espérer que si, Germain. Pourquoi donc ne lui conviendriez-vous pas ?

— Qui sait ? J’ai trois enfants, et c’est lourd pour une femme qui n’est pas leur mère !

— C’est vrai, mais vos enfants ne sont pas comme d’autres enfants.

— Crois-tu ?

— Ils sont beaux comme des petits anges, et si bien élevés qu’on n’en peut pas voir de plus aimables.

— Il y a Sylvain qui n’est pas trop commode.

— Il est tout petit ! il ne peut pas être autrement que terrible, mais il a tant d’esprit !

— C’est vrai qu’il a de l’esprit : et un courage ! il ne craint ni vaches, ni taureaux, et si on le laissait