Page:Sand - La Mare au Diable.djvu/77

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Vous voudriez du vin, pas vrai ? Il vous faudrait peut-être du café ? Vous vous croyez à la foire sous la ramée ! Appelez l’aubergiste : de la liqueur au fin laboureur de Belair !

— Ah ! petite méchante, vous vous moquez de moi ? Vous ne boiriez pas du vin, vous, si vous en aviez ?

— Moi ? J’en ai bu ce soir avec vous chez la Rebec pour la seconde fois de ma vie ; mais si vous êtes bien sage, je vais vous en donner une bouteille quasi pleine, et du bon encore !

— Comment, Marie, tu es donc sorcière, décidément ?

— Est-ce que vous n’avez pas fait la folie de demander deux bouteilles de vin à la Rebec ? Vous en avez bu une avec votre petit, et j’ai à peine avalé trois gouttes de celle que vous aviez mise devant moi. Cependant vous les avez payées toutes les deux sans y regarder.

— Eh bien ?

— Eh bien, j’ai mis dans mon panier celle qui n’avait pas été bue, parce que j’ai pensé que vous ou votre petit auriez soif en route ; et la voilà.

— Tu es la fille la plus avisée que j’aie jamais rencontrée. Voyez ! elle pleurait pourtant, cette pauvre enfant en sortant de l’auberge ! ça ne l’a pas empêchée de penser aux autres plus qu’à elle-même. Petite Marie, l’homme qui t’épousera ne sera pas sot.