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Page:Sand - La Petite Fadette, Calmann-Lévy.djvu/335

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la petite fadette

ne vous devais pourtant rien. Vous avez toujours été mon ennemi, et, du plus loin que je me souvienne, je n’ai jamais rencontré un enfant si dur et si hautain que vous l’étiez avec moi. J’aurais pu souhaiter d’en tirer vengeance et l’occasion ne m’a pas manqué. Si je ne l’ai point fait et si je vous ai rendu à votre insu le bien pour le mal, c’est que j’ai une grande idée de ce qu’une âme chrétienne doit pardonner à son prochain pour plaire à Dieu. Mais, quand je vous parle de Dieu, sans doute vous ne m’entendez guère, car vous êtes son ennemi et celui de votre salut.

— Je me laisse dire par vous bien des choses, Fadette ; mais celle-ci est trop forte, et vous m’accusez d’être un païen.

— Est-ce que vous ne m’avez pas dit tout à l’heure que vous souhaitiez la mort ? Et croyez-vous que ce soit là une idée chrétienne ?

— Je n’ai pas dit cela, Fadette, j’ai dit que…

Et Sylvinet s’arrêta tout effrayé en songeant à ce qu’il avait dit, et qui lui paraissait impie devant les remontrances de la Fadette.

Mais elle ne le laissa point tranquille, et, continuant à le tancer :