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Page:Sand - La Ville noire.djvu/177

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la ville noire.

où je vous réponds qu’elle saura bien se tenir dans l’estime de tout le monde.

— Moi, je ne tiens pas au rang, dit Tonine, au contraire, je le crains beaucoup.

— Le rang d’un médecin, si rang il y a, répondit le jeune docteur, est pourtant celui qui convient le mieux à l’amie des pauvres.

— C’est vrai, monsieur, dit Tonine, mais je ne crois pas pouvoir quitter la ville basse. J’y ai été trop aimée pour me contenter de l’amitié que je pourrais trouver ailleurs. Il me faudrait devenir dame dans la ville haute, et j’y serais moquée comme ma pauvre sœur l’a été. Cet endroit-là, voyez-vous, ne me rappelle que des peines, et quand je suis forcée d’y aller, c’est bien à contre-cœur !

— Mais qu’à cela ne tienne ! s’écria Anthime ; si vous voulez rester ici, je m’y établirai, moi, et j’y serai plus utile qu’à la ville haute, où il y a plusieurs médecins, tandis que vous n’en avez pas un seul fixé parmi vous. Vous ne changerez donc rien à vos habitudes, Tonine, et vous aurez rendu à vos chers concitoyens un très-grand service.