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Page:Sand - La Ville noire.djvu/264

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mains diligentes, souviens-toi du premier jour où tu entras dans l’atelier pour gagner ta pauvre vie d’enfant. Tu étais orpheline, et tu ne riais point. — Quelle est, disait le maître, — c’est lui qui me l’a conté, — cette pâle fillette qui ne gâte rien, qui est habile dès le premier jour, et qui, au travail, ne semble pas connaître le dégoût ou la peine ? — Il lui fut répondu : C’est celle qui travaille pour deux, parce que sa sœur a encore trop de chagrin, et que celle-ci, la plus petite, est la plus soumise à Dieu ; souviens-toi !

« Toi qui fus bénie en devenant belle, Tonine aux mains pures, souviens-toi du jour où l’on voulut t’entraîner à la première fête ; on te disait : Les tonnelles sont pavoisées, les violons raclent leurs plus beaux airs de danse. Tous les garçons vont là-bas sur la pelouse ; mets ta robe blanche et suis-nous. Un jour de plaisir efface un an d’ennui. Et toi tu répondis, — tes compagnes me l’ont conté : — Non, vous n’avez pas besoin de moi, puisque vous êtes contentes ; j’irai tenir compagnie à Louisa la boiteuse, qui s’ennuie seule au logis. — Et tu mis ta