Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/105

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rayonnement matinal. Je fermai les yeux, mais ce fut inutile. Une flamme rouge remplissait mes pupilles, une sensation de chaleur insupportable pénétrait jusque dans l’intérieur de mon crâne. Je tombai comme foudroyé, et j’ignore si je perdis connaissance, ou si je vis dans le reflet de cette gemme embrasée quelque chose dont je fusse capable de rendre compte…

Il y a une grande lacune à cet endroit dans ma mémoire. Il m’est impossible d’expliquer l’influence qu’à partir de cet événement mystérieux Nasias exerça sur moi. Je ne fis plus, à ce qu’il faut croire, aucune objection à son étrange utopie, et ses fantasques aperçus géologiques m’apparurent sans doute comme des vérités d’un ordre supérieur qu’il ne m’était plus permis de discuter. Décidé à le suivre aux limites du monde, j’obtins seulement de lui qu’il imposerait à mon oncle Tungsténius l’obligation de ne pas disposer de la main de Laura avant notre retour et, de mon côté, je m’engageai à ne confier à personne, soit au moment des adieux, soit par lettres subséquentes, le