Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

III

Je ne dirai rien de notre traversée atlantique. J’ai tout lieu de croire qu’elle fut heureuse et rapide ; mais rien ne put distraire mon attention absorbée, concentrée pour ainsi dire dans une seule pensée, celle de complaire à Nasias et de mériter la main de sa fille.

Quant au monde cristallin, j’y songeais fort peu de moi-même. Mon esprit, paralysé à l’endroit du raisonnement, n’essayait pas la moindre objection contre les certitudes que mon oncle développait devant moi avec une singulière énergie et un enthousiasme toujours croissant. Ses ardentes suppositions m’amusaient comme des contes de fées, à ce point que je ne distinguais pas toujours les résultats de son imagination d’une réalité qui se serait déjà produite autour de moi ; cependant, nos entretiens à ce sujet amenaient toujours chez moi