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Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/153

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Nous nous sentîmes subitement ranimés, et nous gravîmes légèrement un ravin abrupt qui nous fit pénétrer dans un étroit vallon rempli d’arbres et d’herbages inconnus. Des myriades d’oiseaux volaient autour de Nasias, qui avait trouvé leurs nids dans une corniche de rocher et qui avait rempli sa robe d’œufs de toute dimension. Il y en avait depuis la grosseur de ceux de l’épiornis jusqu’à celle des œufs de roitelet. À ce régal il joignit des échantillons de fruits magnifiques, et, nous montrant les arbres et les buissons où il les avait cueillis :

― Allez, dit-il, faites aussi votre récolte, et mangez avec confiance ces productions savoureuses dont j’ai fait déjà l’épreuve sur moi-même ; il n’y a point ici de poisons.

En parlant ainsi, il se baissa, arracha une poignée d’herbes sèches dont il bourra sa pipe, et il se mit à fumer tranquillement, répandant autour de nous les bouffées d’un parfum exquis, tandis que nous apaisions la faim et la soif en mangeant