Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/192

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Nasias, et, me disant : « Prends la rampe », elle se mit à y descendre comme si un escalier se fût formé sous ses pas. Je la suivais tenant une rampe imaginaire sans doute, mais qui me préserva du vertige, et nous nous enfonçâmes ainsi dans l’intérieur de la terre.

Au bout d’une heure environ, Laura, qui m’avait défendu de lui parler, me fit asseoir sur la dernière marche.

― Reprends haleine, me dit-elle, tu es fatigué, et tu as encore à traverser le jardin.

De quel jardin parlait-elle ? Je ne pouvais l’imaginer ; mes yeux, éblouis du rayonnement de l’abîme, ne distinguaient rien. En peu d’instants, cette surexcitation se dissipa, et je vis que nous étions, en effet, dans un jardin fantastique où la cristallisation, le métamorphisme et la vitrification des minéraux, déployant alternativement leurs splendides caprices, ou, pour mieux dire, obéissant sans entraves aux lois de leur formation, avaient atteint les développements les plus merveilleux et les plus étranges. Ici, l’action volcanique