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Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/227

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talent dévoué à sa cause. N’avez-vous pas des défenseurs de l’Église bien autrement violents que Rousseau ? Ces saints-là n’attaquent-ils pas les personnes ? N’entrent-ils pas, l’injure et la calomnie à la bouche, dans la vie privée ? S’ils n’ont pas l’esprit de Voltaire, ils en ont le cynisme, et, s’ils n’ont pas le génie de Jean-Jacques, ils en ont la colère ; mais ils sont orthodoxes, à ce qu’on dit, chrétiens bien que dénonciateurs, serviteurs du Christ bien que furieux, vindicatifs et dévorés de haine. Le scepticisme du jour en rit, l’égoïsme les redoute, la couardise les ménage, l’Église les bénit et les protège, le pape les embrasse. Qui oserait écrire d’eux ce que tous les jours ils écrivent de Rousseau, de Molière et des plus grands hommes ? Aussi grandissent-ils en impunité comme en impudence, et, tandis que le monde retentit de leurs déclamations épileptiques, les petits cuistres dont la peur a fait leurs affiliés honteux poursuivent les grands hommes jusque dans la chaumière où ils ont vécu quelques jours. S’ils l’osaient, ils déterreraient leurs ossements pour