Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/26

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par notre oncle et apprise par cœur ; mais elle la débita si bien, que j’en fus écrasé. Je m’enfuis, je me cachai dans un coin, et je fondis en larmes.

Les jours suivants, Laura ne me parla plus que pour me dire bonjour et bonsoir, et je l’entendis avec stupeur parler de moi en italien avec sa gouvernante. Comme elles me regardaient à chaque instant, il s’agissait bien évidemment de ma pauvre personne ; mais que disaient-elles ? Tantôt il me semblait que l’une me traitait avec mépris, et que l’autre me défendait d’un air de compassion. Cependant, comme elles changeaient souvent de rôle, il m’était impossible de savoir laquelle décidément me plaignait et cherchait à m’excuser.

Je demeurais chez mon oncle, c’est-à-dire dans une partie de l’établissement où il m’avait assigné pour gîte un petit pavillon, séparé de celui qu’il habitait, par le jardin botanique. Laura passait chez lui ses vacances, et je la voyais aux heures des repas. Je la trouvais toujours occupée, soit à lire, soit à broder, soit à peindre des fleurs ou à faire de la musique. Je voyais bien qu’elle ne s’en-