Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/343

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— Si tu veux appeler cela du chant, alors le chant n’est qu’un bruit, et il n’y a de véritable langage que dans la parole.

— Non, attends ! Je ne dis pas cela. Le vrai chant est un langage, l’expression d’un certain ordre de sentiments et de pensées, tu l’as dit, et je le reconnais ; mais n’y a-t-il de langage et de chant que chez l’homme ? Crois-tu que le rossignol ?… Écoute ! le voilà qui couvre le babil du ruisseau, et qui remplit de sa passion et de sa fantaisie la nature enivrée. Écoute ces abeilles ; regarde deviser (et raisonner à coup sûr) ces laborieuses fourmis dont la faible voix ne peut parvenir à nos oreilles, mais dont le travail d’association nous étonne. Vois ici agir et folâtrer sur l’eau tous ces petits êtres que nous n’avons pas le droit de supposer muets parce que nos sens ne sont pas assez parfaits pour les entendre ! N’ont-ils pas un langage complet, relativement aux besoins de leur nature ?

— D’accord, répondit Lothario ; mais, si tu confonds maintenant le langage des animaux avec celui des choses, tu confonds les êtres avec la ma-