Page:Sand - Le Château des désertes - Les Mississipiens, Lévy, 1877.djvu/96

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se disputent…, on dit même qu’ils se battent, car *car ils font là-dedans un sabbat désordonné.

— Comment sait-on tout cela, puisqu’ils renvoient tout le monde de si bonne heure ?

— Oui, et ils s’enferment, ils barricadent tout, portes et contrevents, après avoir fait la ronde pour s’assurer qu’on ne les espionne pas. Le fils du jardinier, qui s’était caché dans une armoire par curiosité, a manqué être jeté par les fenêtres, et il a eu une si grosse peur, qu’il en a été malade, car il prétend que ces messieurs et ces demoiselles, et même M. le marquis, étaient tous habillés en diables, et que cela faisait dresser les cheveux sur la tête de les voir ainsi, et de leur entendre dire des choses qui ne ressemblaient à rien.

— A la bonne heure, madame Peirecote ! voici qui commença à m’intéresser ! Les vieux châteaux où il ne se passe pas des choses diaboliques ne sont bons à rien.

— Vous riez, Monsieur ; vous ne croyez pas à cela ? Eh bien ! si je vous disais que j’ai été écouter le plus près possible avec ma fille, et que j’ai vu quelque chose ?

— Bien ! voyons, contez-moi cela.

— Nous avons vu à travers les fentes d’un vieux contrevent qui ne ferme pas aussi bien que les autres, et qui donne ouverture à l’ancienne salle des gardes du château, des lumières passer et repasser si vite, qu’on eût dit que des diables seuls pouvaient les faire courir ainsi sans les éteindre. Et puis, nous avons entendu le bruit du tonnerre et le vent siffler dans le château, quoiqu’il fit une belle nuit de gelée bien tranquille comme ce soir. Un grand cri est venu jusqu’à nous, comme si l’on tuait quelqu’un, et nous n’avions pas une goutte de sang dans les veines. C’était la semaine dernière, Monsieur ! Nous