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Page:Sand - Le Dernier Amour, 1882.djvu/132

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tion. Je sentis ou crus sentir que j’étais pour quelque chose dans la sévérité de Félicie et dans la résistance de son cousin. Je les laissai ensemble, j’allai reprendre les travaux suspendus. Quand je rentrai le soir, Tonino était parti.

— Nous voilà seuls ensemble, me dit Félicie en attachant sur moi un regard plus sévère que tendre. Voulez-vous que nous soyons seuls pour jamais ?

— Pourquoi cette question, Félicie ?

— Tonino vous déplaît !

— Au contraire ! je l’aime ; mais, puisque vous provoquez ma franchise, je dois vous dire que je persiste à le croire épris de vous, et que cette situation me devenait très-difficile à accepter. À présent, tout est changé ; vous m’aimez, et vous voulez que je vous aime. À moins de vous outrager, je ne dois pas douter que vous n’ayez trouvé un moyen de faire cesser ma souffrance.

— C’était donc une souffrance ?

— Très-grande et très-amère.

— Que ne le disiez-vous ?

— J’en rougissais.

— Vous êtes bien étrange, monsieur Sylvestre ! Vous m’avez fait cruellement souffrir aussi, moi ; car je vous ai cru dédaigneux et indifférent, et vous me cachiez avec soin ce qui devait me consoler.

— Vous ne croyez donc pas que la jalousie soit une offense envers la personne aimée ?

— Je n’en cherche pas si long que vous ; la jalousie