Page:Sand - Le Dernier Amour, 1882.djvu/218

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chasser. Je n’ai pas eu de courage. Je m’étais habituée à t’aimer, et puis je n’aimais pas Sixte, je ne voulais de lui ni d’aucun autre. Je te voyais fou, avec des convulsions, l’écume aux lèvres. J’ai cru que tu allais mourir. Je t’ai promis de ne me marier jamais. Tu es dissimulé, tu as fait semblant d’être guéri, et tu as passé des semaines et des mois sans me donner de nouvelles inquiétudes, et puis, un beau matin, tu étais plus dangereux que jamais. Et cela a toujours recommencé et fini pour revenir encore, cette folie, jusqu’au jour où je t’ai chassé.

« Et, à présent que j’aime quelqu’un qui est pour moi comme un Dieu, tu crois que je ne te briserai pas, si tu prétends détruire mon bonheur et me rendre indigne de lui ? Essaye, et il saura tout ! Nous verrons alors si tu oseras reparaître devant lui. Prends garde ! Je lui dirai que tu as menacé sa vie, que j’ai été à ce rendez-vous pour t’empêcher de faire un malheur. Je lui raconterai toutes tes sottises, tes pensées criminelles ; il te fera arrêter et mettre en prison. C’est tout ce qu’on doit à un enfant ingrat et dénaturé comme toi. »


DE TONINO
(À deux mois d’intervalle après la mort de Jean).

« Ma chère cousine, après le malheur qui nous a frappés, je serais bien coupable si je n’abjurais pas entre vos mains mes folies et mes colères d’enfant.