Page:Sand - Le Dernier Amour, 1882.djvu/93

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je voulus savoir si sa sœur lui avait fait confidence de ses sentiments, et si ce n’était pas tout simplement un rêve qu’il avait fait lui-même.

— Ce n’est pas un rêve, dit-il ; mais je n’ai reçu aucune confidence. Avant que Félicie se décide à avouer qu’elle aime quelqu’un, elle qui depuis quinze ans se moque de l’amour des autres et le méprise, il faudra lui arracher le cœur de la poitrine.

— Mais alors comment savez-vous… ?

— Je sais parce que Tonino sait, et me l’a dit.

— Tonino ? elle l’a pris pour confident ?

— Oh ! non pas ! mais il lit en elle comme dans un livre. Il est plus fin que nous tous ; il sait tout ce qu’elle pense, même quand elle dit le contraire de sa pensée.

— Et pourquoi Tonino a-t-il trahi le secret qu’il a cru surprendre ?

— Parce qu’il l’aime comme sa mère et veut qu’elle soit heureuse.

— Alors, tout ce que vous m’avez dit et proposé ne repose que sur une hypothèse née dans le cerveau de cet enfant ? Eh bien, tout malin qu’il est, je crois qu’il a pu se tromper et prendre le fantôme de sa propre jalousie pour une certitude.

— Vous le croyez jaloux de sa mère adoptive ?

— Pourquoi non ? Les fils réels sont jaloux de la tendresse de leurs mères.

— Ça, c’est possible ; les chiens sont bien jaloux de leurs maîtres ! Médor est fâché contre moi quand